Une clim qui souffle tiède en août, un split qui consomme plus pour moins de froid, un compresseur qui claque trop souvent… Quand la performance chute sans signe évident, la vérité se cache souvent dans une fuite lente — millimétrique mais suffisante pour déséquilibrer tout le circuit. La fluorescéine UV huile-miscible (compatible PAG côté auto et POE côté résidentiel/PAC) permet de visualiser ces micro-suintements sans démontage. Ce guide va au-delà des généralités : dosages chiffrés, procédures pas à pas, interprétation des résultats, sécurité, check-lists, cas réels et FAQ, pour que vous puissiez trouver vite, réparer juste et documenter proprement.
Avertissement sécurité & conformité climatisation
- Zéro dégazage : en Europe, la libération de fluides frigorigènes dans l’atmosphère est interdite. Toute manipulation de fluide (récupération, recharge, tirage au vide) relève d’un professionnel certifié.
- Produit adapté : utilisez exclusivement un colorant UV huile-miscible (PAG/POE) dont la FDS précise la compatibilité fluide/huiles/matériaux. Bannir les colorants hydrosolubles (hors sujet en clim) et les mélanges maison.
- R32 : fluide inflammable (A2L) — environnement contrôlé, sources d’ignition éloignées, procédures strictes réservées aux pros.
- EPI : gants nitrile/vinyle, lunettes, vêtement couvrant. Lampe 365 nm avec lunettes filtrantes : ce n’est pas un gadget, c’est la moitié de la méthode.
- Prudence diagnostic : la fluorescéine marque un suintement présent ou passé. Le nettoyage et le re-test font partie intégrante de la preuve d’étanchéité.
Philosophie Fluotracking : un bon test n’est pas celui qui “voit du vert”, c’est celui qui conclut sans ambiguïté. Préparez, dosez, éclairez, documentez, nettoyez, re-testez.
1) Comprendre la fluorescéine en frigorigène
Dans un circuit frigorigène, l’agent colorant doit suivre l’huile : c’est elle qui lubrifie le compresseur et circule avec le fluide. On parle donc d’un traceur UV miscible huile :
- Automobile : huile PAG (sur R134a, R1234yf).
- Résidentiel/PAC : huile POE (sur R32, R410A, R407C).
Sous 365 nm, le colorant émet une fluorescence vert-jaune aux points de fuite : raccords, brasures, échangeurs, flexibles. Cette lumière n’est pas un “peinture”. Elle révèle ce que l’huile laisse en chemin : auréoles, points brillants, lignes perliques. Une fuite intermittente peut ne pas se manifester à T0 ; la marque, elle, reste lisible plus tard — d’où l’intérêt des contrôles décalés (J+1). Limites naturelles :
- Trop peu d’huile en circulation (charge très basse) → marquage lent.
- Lumière ambiante trop forte → fluorescence noyée.
- Surdosage → micro-voile fluorescent quasi partout → lecture confuse.
- Huile dégradée (acides/eau) → comportements imprévisibles → commencer par assainir (pro).
2) Quand utiliser la fluorescéine ? Des triggers concrets (auto & maison)
2.1 Clim auto — signaux faibles à ne pas rater
- ΔT soufflage/habitacle < 6–8 °C au ralenti, AC à fond, ventilation 3/4.
- Compresseur qui embraye/débraye trop souvent, HP instable.
- Sifflement changeant avec le régime, légère odeur d’huile au compartiment moteur.
- Traces grasses autour du condenseur, d’un raccord, d’une brasure, d’un flexible.
- Après choc (nid-de-poule, gravillons) : condenseurs fragilisés.
2.2 Clim maison (split/PAC) — comportements typiques
- Baisse progressive du rendement : on pousse 18 °C pour un 24 °C ambiant et on obtient 22–23 °C.
- Surconsommation pour un confort moindre, givre anormal sur la ligne d’aspiration.
- ΔT soufflage/ambiance < 6 °C en mode froid malgré filtres propres et échangeurs nettoyés.
- Bruits de détente irréguliers, odeur d’huile légère près de l’U.E., condensats “teintés”.
2.3 Quand ne pas commencer par la fluorescéine
- Circuit quasi vide (retours pressions incohérents) : d’abord contrôle étanchéité pro (azote sec/gaz traceur) et recharge contrôlée.
- Suspicion de contamination (acide/eau) : remise en état avant test UV.
- R32 : intervention diagnostic OK, mais la chaîne complète (manip fluide) reste au domaine pro.
3) Compatibilités clim, huiles, matériaux — les nuances qui font pro
- Fluides : R134a/R1234yf (auto), R32/R410A/R407C (résidentiel).
- Huiles : PAG (auto), POE (résidentiel). Un traceur POE dans une boucle PAG ? Non. Respecter l’huile support.
- Matériaux & joints : vérifier la FDS : NBR/EPDM/FKM, cuivre/alu/acier, peintures, plastiques ; un traceur de qualité est neutre aux dosages recommandés.
- Lampe UV : 365 nm (pas 395 nm de “gadgets”), puissance ≥ 3 W pour une lecture en conditions réelles, idéalement lentille focalisable ou “bar” UV pour surfaces larges.
- Garanties : certaines marques auto ou fabricants HVAC précisent les conditions d’usage des traceurs ; documenter (photos, volumes, références produits) pour lever toute ambiguïté.
4) Dosages & temps de circulation de la fluorescéine dans un circuit clim
Repère : 8–10 ml de traceur par kg de fluide — toujours croiser avec la notice produit. Le bon dosage est suffisant pour marquer, trop devient contre-productif.
Véhicule | Fluide | Charge typique | Huile | Dosage indicatif | Temps de circulation |
---|---|---|---|---|---|
Citadine / compacte | R134a | 450–700 g | PAG | 5–7 ml | 15–25 min |
Nouvelles générations | R1234yf | 400–600 g | PAG | 5–7 ml | 15–25 min |
SUV / monospace | R134a / R1234yf | 700–1000 g | PAG | 7–9 ml | 20–30 min |
5) Matériel — choix éclairés & retours d’usage
- Traceur UV huile-miscible (référence & FDS accessibles).
- Lampe 365 nm ≥ 3 W : beam focalisable pour raccords, barre pour échangeurs ; lunettes filtrantes indispensables.
- Seringue graduée (précision millilitre), raccord SAE (auto), adaptateur port service U.E. (résidentiel).
- Chiffons non pelucheux, nettoyant technique compatible matériaux.
- Accessoires pro : mini miroir d’inspection, endoscope, marqueur UV (pour entourer un spot), détecteur H₂/He pour croiser les preuves, vacuomètre pour la qualité du tirage au vide.
Retour terrain : la qualité de la lampe fait souvent la différence entre “rien vu” et “évidence” — surtout au soleil rasant ou dans un local clair. Évitez les UV “violets” 395 nm.
6) protocole pour la recherche de fuite clim
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Préparer intelligemment
- Relever symptômes (ΔT, cycles, bruits), vérifier propreté filtres/échangeurs, noter conditions (T° ext., taux d’ensoleillement).
- Choisir le dosage (tableaux + notice), préparer seringue sans bulles (purge).
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Localiser le bon port
- Auto : basse pression (durite la plus large), souvent capot bleuté/noir.
- Split/PAC : vannes de service U.E., prévoir adaptateur idoine.
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Injection contrôlée (moteur OFF / hors tension)
- Connexion étanche, injection lente à la seringue, vérifier qu’aucune bulle n’entre.
- Reposer capuchons/serrages.
-
Mettre en circulation
- Auto : moteur ON, AC MAX, ventilation 3/4, capot ouvert, 15–25 min.
- Maison : mode froid, consigne réaliste (24 °C), 30–60 min selon gabarit.
-
Optimiser la lecture
- Assombrir : garage, volets semi-clos, ou fin de journée.
- Lunettes filtrantes, déplacement lent et méthodique : raccords, brasures, condenseur, évaporateur (et bacs/évacuations), lignes frottées.
- Photographier (smartphone, mode nuit désactivé), encercler au marqueur UV si besoin.
-
Nettoyer & consigner
- Essuyer toute trace visible pour éviter un résiduel trompeur.
- Rédiger un compte rendu : points détectés, intensité, pièces à prévoir, risque de récidive.
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Re-test (si réparation)
- Après remplacement/resserrage, circulation 10–15 min, contrôle UV : zéro fluorescence attendu.
- Si persistance : nettoyer une seconde fois, contrôle J+1.
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7) Parcours Particulier — version détaillée et “guidée”
Vous pouvez observer et documenter. Toute intervention sur le fluide (récupération/recharge) = professionnel.
7.1 Auto — pas à pas enrichi
Pré-check
- Filtre habitacle propre, soufflage cohérent (orientation, vitesses), courroie compresseur en état.
- Noter ΔT : thermomètre au soufflage, 10 min AC MAX (cible : > 8–10 °C de ΔT en conditions modérées).
Injection
- 5–7 ml (PAG). Purger la seringue. Connecter basse pression. Injecter doucement.
- Démarrer, AC MAX, 15–25 min.
Inspection UV
- Moteur arrêté (sécurité). Lampe 365 nm + lunettes.
- Raccords (suintements en étoile), condenseur (impact “constellation”), flexibles (coups de fouet), compresseur (joint d’arbre), détendeur, évaporateur (signal indirect : condensats avec micro-lueur).
Que conclure ?
- Spot net sur raccord → joint/serrage à reprendre (par pro).
- Rien mais ΔT faible → manque de charge, fuite non marquée → diagnostic pro (gaz traceur + pesée).
- Voile partout → surdosage ou projection → nettoyage + re-test.
Conseil humain : prenez 3 photos (plan large, plan serré, macro avec objet témoin : pièce de 1 €). Ça évite les débats et vous aide à dialoguer avec l’atelier.
7.2 Maison (split/PAC) — pas à pas enrichi
Pré-check
- Filtres UI nettoyés, échangeurs dépoussiérés, consignes réalistes (24–26 °C).
- Mesurer ΔT soufflage/ambiance (thermomètre rapide).
Injection & circulation
- 8–12 ml (split 2,5–3,5 kW), POE. Purge + port service U.E.
- Mode froid, 30–40 min minimum.
Inspection UV
- Brasures, flare, liaisons frigorifiques (zones de frottement), échangeur UI (condensats, bac), évacuation (un filet fluorescent ne signifie pas que la fuite est dans le drain : c’est souvent l’évaporateur qui marque via les condensats).
- U.E. : autour des compresseurs et détendeurs électroniques, pressostats.
Si rien n’apparaît
- Re-check à J+1, surtout si liaisons longues.
- Si ΔT faible persistant : envisager un contrôle pro (H₂/He, pesée, tirage au vide).
8) Parcours Pro — méthodologie approfondie
8.1 Séquence type
-
Anamnèse : saison d’apparition, historique recharges, interventions, chocs mécaniques, factures d’énergie.
-
Constats rapides : ΔT, états de surface (givre, huile), ventilation, sondes, encrassement.
-
HP/BP, surchauffe & sous-refroidissement : cadrage thermodynamique.
-
Fluorescéine : injection calibrée (PAG/POE), circulation (barèmes).
-
Lecture UV : protocole en Z (haut → bas, gauche → droite), checklist zones sensibles.
-
Si négatif : traceur H₂/He, balance à la recharge, vacuomètre < 500 microns pour s’assurer de l’étanchéité après intervention.
-
Rapport : photos UV datées, références des pièces, devis de remise en conformité.
8.2 Zones critiques par typologie
- Auto : condenseur (chocs), raccords flexibles-rigides (vibrations), détendeur, joint d’arbre compresseur, évaporateur (condensats marqués).
- Split/PAC : brasures en sortie U.E., flare mal évasés, liaisons mal bridées (frottement), échangeur UI/U.E., bac condensats (lecture indirecte évaporateur).
8.3 Procédure de re-test “propre”
- Dégraissant compatible, chiffons non pelucheux, zéro résiduel visible.
- Redémarrage 10–15 min, contrôle UV.
- Tolérance : aucune lueur hors traces anciennes identifiées et nettoyées.
Tip pro : pour les clients sensibles à la preuve, ajoutez une planche photo (avant/pendant/après) et une ligne “conformité : re-test UV négatif le JJ/MM à HH:MM”.
9) Interpréter les résultats — matrices décisionnelles étendues
9.1 Symptômes → Lecture → Action
Symptôme | Lecture probable | Actions recommandées |
---|---|---|
ΔT faible, aucune fluorescence | Manque de charge / fuite non marquée / lecture trop tôt | Pesée à la recharge, test gaz traceur (H₂/He), re-contrôle de nuit ou à J+1 |
Fluorescence franche sur un raccord | Joint torique fatigué ou serrage insuffisant | Remplacer le joint, resserrer au couple, nettoyer, re-test UV |
Fluorescence sur bac / évacuation de condensats | Évaporateur impacté (lecture indirecte via condensats) | Confirmer au détecteur gaz, chiffrer remplacement / réparation évaporateur |
Fluorescence diffuse “partout” | Sur-dosage ou projections lors de l’injection | Nettoyage soigneux, dosage ajusté à la baisse, re-test à J+1 |
Rien à J0, trace apparente à J+1 | Micro-fuite lente / boucle longue | Localisation fine, planifier réparation, contrôle final UV |
9.2 Intensité & morphologie de la trace (lecture experte)
- Point vif (3–5 mm) : pore ou micro-fissure.
- Auréolement autour d’un filetage : joint torique fatigué.
- Trainée le long d’un flexible : frottement sur support, micro-percement.
- Mouchetis condensateur avant : impacts gravillons → condenseur à remplacer.
10) Bonnes pratiques & erreurs fréquentes
Bonnes pratiques
- Purger l’air méticuleusement (fausses lectures garanties sinon).
- Assombrir la zone (volets, pare-soleil, bâche noire).
- Balayer lentement : la fluorescence n’aime pas la précipitation.
- Tracer les points (marqueur UV) + photographier avec un repère.
Erreurs fréquentes
- Sur-dosage : tout brille → on perd le signal.
- 365 nm “cheap” ou 395 nm : manque de contraste, faux négatifs.
- Oublier le nettoyage avant re-test : résidu trompeur.
- Confondre drain fluorescent et fuite de drain : la source est souvent l’évaporateur.
11) Check-lists d'un de fuite clim réussi
11.1 Avant d’injecter
- Fluide identifié (R134a/YF/R32/R410A), huile correspondante (PAG/POE).
- Traceur UV huile-miscible (réf. + FDS à portée).
- Dosage validé (tableau + notice).
- Seringue purgée, adaptateur adéquat (SAE/port service).
- Lampe 365 nm ≥ 3 W, lunettes filtrantes.
- EPI portés. Lieu assombri prévu.
11.2 Inspection UV
- Raccords/brasures passés en revue (lentement)
- Échangeurs (condenseur/évaporateur) + bacs/évacuations.
- Lignes sujettes au frottement.
- Photos (3 angles) + marquage discret.
- Nettoyage systématique des zones marquées.
11.3 Re-test après réparation
- Nettoyage complet
- Circulation 10–15 min.
- Contrôle UV négatif.
- Rapport final archivé (photos + pièces remplacées).
12) FAQ sur le test de recherche de fuite clim
Q1 — Puis-je faire l’injection moi-même sur ma voiture ?
Vous pouvez observer (lampe UV) et documenter. L’injection et toute manipulation de fluide sont du ressort d’un pro certifié. Astuce : demandez à l’atelier d’indiquer le volume injecté sur la facture.
Q2 — Est-ce compatible R32 ?
Oui, avec un traceur POE compatible et un cadre pro (A2L = inflammable). On reste dans un diagnostic maîtrisé (pas d’amateurisme).
Q3 — Dosage pour un split 3,5 kW ?
Repère 8–12 ml, circulation 30–40 min. Ajuster si liaisons longues (+1–2 ml). Toujours valider avec la notice du traceur.
Q4 — Rien ne brille, mais le froid est faible.
Hypothèses : dosage trop bas, lecture trop tôt, lumière ambiante trop forte, fuite non marquée. Solutions : re-check J+1, obscurcissement, gaz traceur + pesée.
Q5 — Le traceur abîme-t-il les joints ?
Un traceur conforme (PAG/POE), dosé correctement, est neutre. Vérifiez la FDS et respectez les volumes.
Q6 — Combiner UV + détecteur électronique ?
C’est idéal en micro-fuite intermittente : UV pour la preuve visuelle, H₂/He pour la confirmation.
Q7 — Combien de temps reste le traceur ?
Il circule avec l’huile et marque durablement les points. Après réparation, nettoyez et re-testez pour garantir l’absence de résiduel.
Q8 — Puis-je tester en plein jour ?
Oui, mais moins lisible. Travaillez à l’ombre ou en fin de journée. Les lunettes filtrantes sont non-négociables.
La fluorescéine UV huile-miscible est un accélérateur de certitude : elle transforme un doute en preuve visuelle. En respectant dosage, temps, lecture UV et re-test, vous sécurisez un diagnostic qui tient au premier coup d’œil — et à la première réparation. Pour les cas retors (fuite intermittente, liaisons longues, flotte auto, R32), l’équipe Fluotracking vous accompagne sur le dimensionnement, la méthode et la documentation client.
Autres liens utiles :
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